Comment changer un comportement que je n’aime pas?
Il arrive très souvent que l’on ait un comportement ou une réaction que l’on déteste chez nous. C’est d’ailleurs une raison fréquente de démarrage de thérapie : « je me mets très souvent en colère sans pouvoir me maitriser », « je n’arrive pas à dire non », ..etc
La plupart du temps, au départ, on considère que cette caractéristique vient de nos parents : « mon père est exactement pareil que moi », « ma mère faisait du chantage affectif dès que je n’étais pas d’accord avec elle » ou toute autre bonne raison qui justifie notre comportement. Cependant, cela nous met dans une impasse importante : je déteste ce comportement, je ne veux pas être comme ça mais ce n’est pas de ma faute, c’est à cause de mes parents. Mais alors, comment changer ? Je vous propose de vous donner quelques pistes de réflexions à ce sujet.
La responsabilité de nos comportements ne vient pas de nos parents (ou toutes autres figures parentales)
Pour étayer ce point, je vais faire appel à votre logique en particulier si vous avez des frères et sœurs qui ont vécu avec vous : est ce qu’ils ont les mêmes comportements que vous ? et non… et pourtant, s’ils ont vécu la même chose que vous, ils devraient non ? En fait, ce qui se passe la plupart du temps, c’est que lorsque nous sommes enfant, face à un comportement de nos parents qui nous met en insécurité, nous cherchons une stratégie, un moyen d’apaiser cette sensation de danger. Nous n’avons pas à disposition toutes les capacités neuronales de l’adulte donc nos solutions vont avoir certaines caractéristiques : elles sont extrêmes et binaires, sans nuance (c’est ainsi que réfléchit l’enfant). Puis nous faisons un choix, celui que l’on pourrait qualifier de moindre mal : nous allons vers la solution qui nous semble la mieux ou même la moins pire. Et nous créons un comportement qui nous permet de nous adapter à cette insécurité intérieure. Bien entendu, ce processus est inconscient. Par la suite, ce comportement peut s’ancrer profondément et nous le gardons à l’âge adulte.
Si je prends un exemple, face à un parent très colérique et imprévisible, l’enfant peut se dire que la meilleure stratégie est une discrétion totale pour éviter au maximum que la foudre ne tombe sur lui, ou au contraire comprendre que ce parent l’aimera plus s’il est comme lui et donc reproduire ce comportement. Ce choix se fait en fonction du contexte mais surtout en fonction de la personnalité de l’enfant. Ensuite, l’adulte qu’il devient garde en lui ce fonctionnement et dévient d’un côté très effacé ou au contraire très soupe au lait.
Ainsi, nous sommes finalement responsables de nos comportements, ce sont nos propres choix (même s’ils ont été fait jeunes !)
Cela peut être très dur à entendre mais cela nous permet de retrouver notre liberté !
Accepter ma responsabilité me permet de commencer à changer
En effet, si mon comportement dépendait de mon parent, je devrais attendre qu’il change pour pouvoir moi aussi changer. Mais changer quelqu’un n’est pas possible et nous sommes dans une impasse…
Alors que s’il ne dépend que de moi, je peux changer si c’est mon choix et cela sans devoir attendre quoique ce soit des autres ! Ainsi, cette prise de conscience est nécessaire pour entamer un processus de changement. Malheureusement, c’est rarement suffisant..
L’acceptation de qui je suis me permet de me transformer.
Carl Rogers, psychothérapeute qui a fondé la relation d’aide, disait « Le curieux paradoxe, c’est que quand je m’accepte comme je suis, alors je peux changer. » Cela signifie que pour pouvoir changer, il faut accepter avoir ce comportement même s’il nous dérange. En effet, la non acceptation de ce comportement entraine une lutte : « je ne veux absolument pas être comme cela, je me déteste » et la lutte donne de l’énergie à cette partie de nous et la renforce, un peu comme pour un buzz négatif sur Internet dont certaines marques peuvent raffoler !
Si au contraire on accueille cette partie de nous, on peut lui donner moins d’énergie et surtout on peut s’éloigner d’elle, on ne devient pas cette partie de nous, on peut prendre du recul.
Pour vous expliquer autrement, on peut faire un parallèle avec les émotions : comme indiqué dans mon précédent article (à retrouver ici), une émotion non accueillie va devoir prendre des proportions très importantes pour que vous acceptiez qu’elle soit là ! De la même manière, si vous n’acceptez pas cette part de vous, elle va déployer toute l’énergie que vous lui donnez à essayer de lutter contre elle pour vous montrer qu’elle est bien là ! C’est exactement comme si vous poussiez contre un mur pour essayer de le traverser !
Mais comment accepter une partie de nous que l’on déteste ? en vous rappelant à chaque instant que cette partie de vous était à un moment la meilleure stratégie possible pour vous sortir d’une insécurité insoutenable : en effet, si l’on revient à l’enfant que vous étiez, il n’a pas choisi de se comporter ainsi pour embêter voire même pourrir la vie de l’adulte que vous êtes devenu mais bien pour se protéger lui ! Ainsi, accueillir cette part de vous comme quelque chose qui vous a protégé, qui vous a permis d’être debout aujourd’hui, voire même la remercier pour ce qu’elle vous a apporté vous permet déjà d’améliorer l’image que vous avez de vous : vous n’êtes absolument pas une mauvaise personne, vous êtes quelqu’un qui a essayé de trouver la meilleure stratégie possible en fonction de vos capacités cognitives de l’époque pour vous sortir d’une situation insoutenable. Cela vous permet aussi de prendre de la distance vis-à-vis de ce comportement : quand vous accueillez cette part de vous, vous pouvez vous dissocier d’elle, elle fait partie de vous mais elle n’est pas vous (comme votre main droite : elle fait bien entendu partie de vous mais vous êtes bien plus que votre main droite !)
Une fois que vous n’êtes plus que cette part de vous, d’autres comportements plus acceptables aujourd’hui deviennent envisageables : et vous pouvez alors changer !
Ce processus n’est pas parfois pas simple à réaliser seul et il peut s’avérer nécessaire ou au moins beaucoup plus confortable d’être accompagné sur ce chemin par un professionnel qui peut vous aider à accueillir avec bienveillance cette part que vous détestez tant et à trouver d’autres alternatives !